Le saviez-vous ? D’après un sondage (source Paquid, enquête épidémiologique Inserm Bordeaux), la maladie d’Alzheimer (nullement liée à la vieillesse), figure à la seconde place dans le classement peu envié des maladies les plus craintes par les Français. Le cancer reste à la première place. Les chiffres donnés par l’association France Alzheimer & Maladies apparentées démontrent que cette pathologie est désormais un véritable problème majeur de santé publique. Environ 850.000 Français(e)s souffrent de cette maladie, 225.000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année (plus de 40 % de malades (+75 ans) depuis 10 ans). Les dégâts causés par la maladie d’Alzheimer sont considérables. Sous-diagnostiquée et sous-estimée (moins d'un malade sur deux repéré) pendant des décennies, cette maladie fait désormais l’objet de recherches ayant pour but « d’améliorer les capacités attentionnelles et bien utiliser les capacités cognitives restantes ». En parallèle avec les recherches scientifiques, un documentaire a mis en lumière une thérapie qui s’appuie sur une histoire de la musique et de la mémoire, une thérapie simple et de faible coût signée Dan Cohen. Ce travailleur social utilise l’art des sons et des silences, le rythme et la hauteur (combinaison dans les fréquences), les nuances et le timbre pour réveiller la mémoire de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Le documentaire réalisé et tourné pendant trois ans par Michael Rossato-Bennett en 2014, s’appelle Alive Inside (1h 17 m). Il fut diffusé au grand public à l’occasion de la 23ème Journée mondiale Alzheimer, le 21 septembre dernier.
A l'occasion de cette journée, Marie-Céline Jacquier (Journaliste à futura-sciences.com, spécialisée dans la santé et l'environnement et Docteur en biologie de l'université Lyon 1) a présenté cette maladie au grand public. « Cette pathologie se caractérise par un affaiblissement lent et insidieux du fonctionnement psychique et intellectuel avec un retentissement sur la vie quotidienne et une perte progressive d'autonomie. L'évolution est longue, sur une dizaine d'années. L'aggravation vers la démence se fait avec la perte des facultés de jugement et de raisonnement logique. En aucun cas il ne faut assimiler cette évolution à un processus normal du vieillissement. Le processus Alzheimer est toujours pathologique, lié à une altération dégénérative cérébrale et avec un volet psycho-dynamique marqué par une catastrophique défaillance rationnelle... ».
Depuis longtemps, nous connaissons les bienfaits de la musique. Peut-on imaginer une playlist avec des mélodies et des rythmes (jazz, classique, pop, sons mental Waves...), en adéquation avec les goûts de chacun(e) et capable de soulager des patients souffrant d'Alzheimer ? C’est possible ! C’est pourquoi il est de bon ton de saluer un programme de musicothérapie proposé par Music & Memory (M&M). Celui-ci a permis de réduire la prise d'antipsychotiques. Ainsi, des chansons appartenant au passé d’un patient peuvent participer à une meilleure prise en soin, en réveillant des souvenirs et des émotions qui ont été endormis pendant des années (voire des décennies). Une simple mélodie peut stimuler l’activité dans les régions touchées du cerveau et transformer la qualité de vie des personnes souvent laissées face à leur silence. Ce documentaire remarquable, dans lequel on voit des résident(e)s de maisons de retraite souffrant de démence, « chanter, danser, esquisser des mouvements, interagir avec d'autres personnes, tout en écoutant leur musique favorite... a popularisé la méthode M&M aux Etats-Unis » dixit un excellent article visible sur futura- sciences.com. Le traitement souvent composé d’antipsychotiques présente aussi des risques, d’où les recherches actuelles afin de trouver des alternatives avec moins d'effets secondaires pour soulager les souffrances. Hors la musicothérapie amène la preuve que l’utilisation des sons, des rythmes, des chants et des fréquences agit non seulement sur le comportement, mais elle est capable de réduire l'agressivité, l'agitation, l'anxiété et d’influer sur l’humeur.
Le principe de la thérapie s’appuie sur les préférences, les goûts musicaux et l’histoire personnelle du patient. Le personnel de la maison de retraite les note sur une fiche afin d’établir un hit parade individualisé, puis l’enregistre dans un lecteur MP3 (fourni par la direction). Les conclusions parues dans la revue « American Journal of Geriatric Psychiatry » résultent des travaux effectués par des chercheurs de la « Brown University School of Public Health ». Après six mois d’études auprès de 12.905 résidents de 98 maisons de retraite, (souffrant d’Alzheimer ou « d'une démence associée ») qui ont participé au programme M&M et 12.811 résidents de 98 autres structures non concernés par cette étude, les résultats sont étonnants. Marie-Céline Jacquier souligne qu’en « six mois, la proportion de résidents qui a arrêté son traitement antipsychotique est passée de 17,6 % à 20,1 % dans les maisons de retraite qui utilisaient le programme M&M, tandis qu'elle est restée stable dans les autres établissements (entre 15 et 16 %). Pour les anxiolytiques, la même tendance était observée : l'arrêt du traitement passait de 23,5 % à 24,4 % alors qu'il diminuait chez les établissements témoins, passant de 24,8 % à 20 %. Il y avait aussi moins de problèmes de comportement chez les patients qui suivaient le programme M&M. Mais il n'y avait pas d'effet observé sur l'humeur ou la dépression. Cette thérapie pourrait donc éviter les effets secondaires des médicaments antipsychotiques et anxiolytiques pour traiter la démence, sans présenter de risque... » (sources futura-sciences.com).
Que faut-il exactement pour mettre en place ce programme ? D’abord, former le personnel afin qu’il sache établir une playlist personnalisée adaptée au patient. Ensuite, acheter les titres sélectionnés et un lecteur MP3. Cette alternative pourrait soulager les milliers de famille confrontées à la souffrance sous-estimée de leur(s) proche(s). En attendant une solution fiable capable de lutter contre la protéine responsable des plaques séniles cérébrales de l'Alzheimer, des chercheurs de l’EPFL (École Polytechnique Fédérale de Lausanne) ont développé un implant révolutionnaire, une sorte de capsule qui pourrait protéger les neurones et enrayer la maladie d’Alzheimer responsable des attaques progressives des neurones, « provoquant tout d’abord des troubles de la mémoire jusqu’à la perte des fonctions autonomes puis la mort ». Mille kilomètres commencent par un pas, aussi petit soit- il. Encore une fois la musique confirme le précepte d’antan qui souligne que le monde sans cette dernière serait une erreur.
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